par Alice Judéaux | 17 Jan 2012 | Vie de l'agence
L’équipe Trad Online a vécu des moments d’exception lors de l’année 2011. Aujourd’hui nous souhaitons partager nos anecdotes les plus marquantes en vous présentant une vision synthétique des activités réalisées au cours de l’année écoulée…
Chers amis lecteurs,
Nous voilà en 2012 !! Il y a quelques semaines nous vous adressions nos vœux de bonheur et de réussite partagée pour cette nouvelle année que nous vous souhaitons cosmopolite et polyglotte. L’heure de faire un petit arrêt et retour sur image sur l’année écoulée est donc venue… Coup de cœur, coup de gueule ? Parlons-en !
L’agence a généré un CA de 707.000 Euros (+35%) au cours de l’année précédente, le mois de Novembre a remporté la médaille du CA mensuel le plus important avec 151.000 Euros ! Nos trois premiers clients sont des e-entreprises (sites internet-services destinés aux particuliers et aux entreprises).
En 2011 Trad Online a pris en charge 1681 projets de traduction, nous avons traduit environ 6.5 millions de mots vers 26 langues au total ! Soit l’équivalent de 22000 pages A4, ou encore 210 livres de poche soit 1 livre de poche traduit tous les 1.5 jour, pas mal hein ?…Tout ceci dans le respect de l’environnement, il faut savoir que ces 6.5 millions de mots ont été traduits dans le meilleur respect de la Nature…nous faisons la chasse au papier …des économies pour nos forêts 🙂 [Pensée et fierté au sujet de notre projet collectif « mécénat » www.monarbre-matribu.com ]
Que dire de la nature de nos projets de traduction 2011 ? Voici un TOP 4 forcément partiel et partial…mais bien réel :
1° Le plus gros projet :
Notre plus gros projet-bouquet était garni d’environ 350000 mots, il s’agissait d’une traduction vers une langue unique. Nous y avons travaillé pendant 2.5 mois avec une équipe oscillant entre 3 et 5 traducteurs !
2° Le projet le plus rapide :
En contrepartie, notre projet le plus rapide fut livré en moins de 1h30 : une chrono-traduction, rapide et efficace !
3° Le projet le plus complexe :
Nous avons eu de quoi nous occuper avec une traduction partant de 2 langues sources vers 25 langues cibles ! Qui dit que le tour du monde peut se faire seulement en bateau ? Ce fut sans aucun doute le projet le plus complexe de l’année…ah…non…en fait il y a aussi tous les projets traduits sous CMS…les experts comprendront
4° Le projet de la polémique :
Pour terminer, le projet coquin ! Qui ne pouvait pas manquer ce TOP 4…
Nous avons été sollicités pour traduire des annonces de services de charme tarifés, ce projet (relativement volumineux et rentables) a suscité un débat très animé au sein de l’équipe et nous avons fini par décliner cette offre …je vous laisse imaginer pourquoi et les arguments Pour et Contre…
L’équipe de Trad Online vous remercie à nouveau pour cette année 2011 très réussie. Nous avons réalisé ce travail toujours dans la bonne humeur… beaucoup de fous rires dans l’équipe, de la solidarité et du respect. Nous sommes heureux de continuer à travailler de la sorte en 2012. Pour cette année, nous vous souhaitons de vibrer pour des projets enthousiasmants et de les voir couronnés de succès !
L’équipe de Trad Online.
par Alice Judéaux | 5 Juin 2010 | Métier
Une petite anecdote en ce WE ensoleillé relatant une traduction malheureuse….et fâcheuse
Je reprends ici un billet de La Tribune .
Une simple erreur de traduction a précipité ce vendredi l’euro sous la barre de 1,20 dollar, pour la première fois depuis mars 2006. Il est près de 14h30 quand François Fillon, en déplacement au Canada, répond dans une conférence de presse à une question sur la dégringolade de la devise européenne. Il indique qu’il ne voit « que des bonnes nouvelles dans la parité entre l’euro et le dollar ».
Les agences de presse anglophones reprennent immédiatement ses déclarations. Trop rapidement peut-être : dans la précipitation elles traduisent « parité » par « parity », un faux-ami. En français, le terme « parité » signifie en effet « taux de change d’une monnaie par rapport à une autre » alors que « parity » s’entend dans le sens étroit d’une égalité parfaite entre les devises
Et voila donc, le gouvernement français qui milite pour qu’un euro s’échange contre un dollar. Un quiproquo qui a obligé Matignon à préciser les propos de François Fillon. Mais le mal était fait : en quelques minutes, les cambistes, déjà inquiets de la situation financière de la Hongrie, vendent de l’euro, qui chute à son plus bas niveau depuis quatre ans.
Les traducteurs professionnels ont encore des beaux jours devant eux !
par Alice Judéaux | 17 Mar 2010 | Actualités
Crowd-translation, appel à la communauté et aux volontaires…un exemple réussi
Je me suis toujours demandé pour le journal Le Monde ne prenait pas la décision de traduire une sélection de ses articles et de les mettre à la disposition des lecteurs internautes non francophone, sur un site dédié…En anglais, espagnol et chinois…Vu la notoriété du journal, il ne devrait pas être difficile d’attirer une foule de lecteurs non négligeable et d’accueillir sur le site des annonceurs intéressés par ces internautes. Un site qui devrait facilement être rentable.
Je ne pense pas que le journal pourrait trouver par contre des traducteurs volontaires, traduisant pour la gloire ou pour une certaine idée de la diffusion « d’une parole française » au-delà de nos frontières.
Pourtant connaissez-vous le site « ecocn.org/bbs » ? Une belle réussite. Il s’agit d’un site regroupant des articles traduits à partir de publications anglophones (dont à l’origine, exclusivement des articles du journal The Economist). Traduits par des chinois volontaires, souhaitant mettre à disposition de leurs compatriotes ces différentes informations.
Je vous propose d’aller lire ce long article sur le sujet sur le blog d’Andy Baio, waxy.org.
On y apprend que tout est parti d’une seule personne Shi Yi, qui, à 39 ans, a réussi à fédérer 240 personnes, s’improvisant alors traducteurs, tous fans de The Economist. Et tous décidés à traduire gratuitement les éditions du journal.
On peut y lire aussi que le journal, au début « un peu pris ce court », n’a pas eu une réaction défensive de type « copyright » (comme l’aurait dicté l’instinct) mais a géré le sujet très intelligemment. Il est clair que cette histoire n’a généré que du positif pour le journal.
Bel exemple de crowd-translation, de puissance communautaire et d’intelligence de toutes les parties.
par Alice Judéaux | 13 Mar 2010 | Métier
Certaines entreprises considèrent la traduction comme un poste de dépenses…d’autres ont souhaité penser investissement et valorisation…et vous ?
Beaucoup d’entreprises n’y pensent pas…mais le sujet mérite d’être posé clairement par la direction ou le responsable traduction : « pourrait-on penser en termes de valorisation et d’actifs lorsque nous budgétisons et gérons nos projets de traduction ? »
L’activité de votre entreprise est internationale, vous brassez en interne et en externe deux ou plusieurs langues, vous rédigez ou faites traduire en plusieurs langues des propositions commerciales, des contrats, des guides d’instructions. Vous formez vos collaborateurs, revendeurs, distributeurs dans leur langue maternelle ou en anglais. Vous communiquez et faites des opérations de marketing et communication au-delà de nos frontières. Et vous considérez la traduction de vos différents documents, textes, matériaux comme un surcoût et comme une étape supplémentaire, rallongeant d’autant la durée de vos projets.
Et si, ….(j’aime beaucoup commencer une phrase par ces deux petits mots…une approche permettant d’ouvrir les possibles et de s’affranchir au moins dans un premier temps des contraintes et limites établies, à tort ou non), Et si…, votre entreprise choisissait de considérer la traduction et ses outils/matériaux/processus associés comme un actif ou un atout, tous deux valorisables ? Un actif pouvant être valorisé ou utilisé très opérationnellement lors de la revente de votre entreprise, lors d’une étude de valorisation, lors d’une fusion avec une nouvelle entité, lors du recours à des nouveaux fournisseurs, distributeurs, revendeurs, …
Le propos n’est pas ici de donner des recettes ou trucs & astuces, le sujet est à analyser au cas par cas. Pourtant, voici quelques pistes pouvant être explorées :
- Glossaires et terminologie : votre secteur est particulier, votre métier tout autant. Vous détenez (normalement, ou alors, commencez à vous pencher sur la question) des glossaires. Ces glossaires reprenant à la fois des termes métiers utilisés couramment dans votre secteur mais aussi, des termes « maison » et vos propres choix parmi les différents termes ou expressions possibles.
- Guide terminologique : vous intégrez des nouveaux collaborateurs. Vous disposez d’une agence de communication et/ou de RP, vous faites appel à une société de traduction…ce guide est un cadre à fournir absolument. En résultent un gain de temps, un gain d’argent, un gain de cohérence.
- Mémoire de traduction : ne parlons pas ici des documents de type communication, communiqué de presse, etc. Parlons uniquement des documents de formation (à vos outils, processus, produits), des guides d’instruction, des fiches produits, etc. Détenez-vous la mémoire des précédentes traductions ? Pouvez-vous apporter à vos fournisseurs de traductions la mémoire des précédentes traductions lorsque vous faites évoluer vos documents (V1, V2, etc) ou lorsque vous en créez de nouveaux ? Cette mémoire (associée aux outils ad hoc) vous permettra de réduire les coûts (grâce aux répétitions notamment), de réduire les délais et d’assurer la cohérence d’un document à un autre (notamment en cas de changement du traducteur ou relecteur).
- Adaptation culturelle : il arrive très souvent que d’un contexte culturel à un autre, les entreprises doivent faire évoluer leur approche de communication, leur technique de formation, leur style de management. Qui dit contexte culturel différent, dit, pour un même texte source, un vocabulaire, des expressions, une organisation du texte cible différents. Ce savoir-faire, cette expérience est-elle formalisée quelque part ? Est-elle transmissible ?
- Cours de langues et efficacité : vous financez des cours de langues à vos collaborateurs ? Comment cadrez-vous vos partenaires formateurs ? Que leur donnez-vous comme matériaux digestes pour orienter les formateurs et les outiller pour former vos collaborateurs dans un contexte métier ?
- Animation des équipes multiculturelles et confrontation : faites travailler vos équipes multiculturelles sur « les mots de notre entreprise »…c’est à la fois un exercice « fun » mais aussi, riche en échange, confrontation et mise en cohérence. Le matériau en résultant sera un actif à transmettre aux futurs collaborateurs.
- Culture d’entreprise et transmission : les mots sont importants. Le choix de ces mots est parfois imposé par la direction souhaitant donner une orientation culturelle à l’entreprise ou définir un positionnement face aux clients. Les mots de l’entreprise sont aussi souvent une résultante d’une culture interne qui s’est développée naturellement au cours des années. Si vous considérez cette culture comme un atout ou un actif pour votre entreprise, ne la négligez pas dans vos documents traduits. Et pour vous aider à transmettre cette culture et/ou ce positionnement, quoi de mieux que des matériaux (glossaire, guide terminologique, guide de style, etc.), complets, mis à jour régulièrement, bien organisés et transmissibles, pour outiller vos collaborateurs et vos projets.
- ….
Et vous ne considérez toujours pas ce sujet « traduction » comme un actif potentiel ??….
Dans un premier temps…réduire des coûts et assurer la cohérence et la transmissibilité….Dans un deuxième temps, valoriser cet actif dans de nombreux contextes.
Cette première liste ne fournit que quelques pistes…. N’hésitez pas à réagir et à en proposer d’autres.
par Alice Judéaux | 12 Jan 2010 | Métier
Une nouvelle traduction, en chinois et de qualité, de 22 albums de Tintin : une réussite commerciale assurée et un vrai bonheur retrouvé !
Tintin est assez populaire en Chine. Pour ceux qui connaissent un peu Pékin, un bar assez fréquenté ces dernières années, situé sur les berges du lac de Qianhai (berge Ouest) de Beijing, était totalement inspiré du Lotus Bleu. Voici une photo de la devanture où j’avais à l’époque fait figurer un petit Professeur Tournesol…
Les premières parutions officielles de Tintin en chinois en Chine datent d’une dizaine d’années, en 2001. D’autres, pirates, sont beaucoup plus anciennes. Cette « première » traduction était en quelque sorte en avance sur son temps…il s’agissait d’une crowdslation (mot que nous avons eu plaisir de créer hier, en pleine créativité (!!!!) et discussion avec un chef de projet , à partir de crowdsourcing et translation…). Cette crowdslation (et lui, le mot sera féminin…) donc avait été menée par une dizaine de traducteurs différents, s’étant partagé les albums entre eux et qui avaient traduit en chinois à partir de la traduction anglaise…du beau boulot (hum…)…mais qui a eu comme effet de diffuser très largement les albums dans toute la Chine…
Quelques perles ont été relevées dans les éditions précédentes :
Lors de la sortie en Chine de l’album Tintin au Tibet, (Info du journal Le Monde du 26 mai 2001), le titre calligraphié en Mandarin était bizarrement devenu : Tintin au Tibet chinois… Une erreur de traduction lourde de sens, qui a indigné et l’éditeur chinois a du corriger la traduction après avoir écoulé 10.000 ex tout de même.
Mêmes erreurs de traduction dans « Tintin au Tibet ». A la page 29, Tintin, arrivé à l’endroit de la catastrophe aérienne, a trouvé une poupée et dit au capitaine Haddock : « Dites, voyez ce que je viens de trouver… « ; Dans la version chinoise, cela devient : « C’est sans doute un cadeau que Tchang allait offrir à son beau-frère« .
Dans Tintin [« Les Cigares du pharaon »], à la page 57 : le Japonais Mitsuhirato dit à Tintin : « Je savais bien que tu donnerais dans le panneau « , ce qui veut dire bien sûr que Tintin tomberait dans le piège, mais on a traduit en chinois : « Je savais que tu irais te cacher dans le tonneau«
A propos du Lotus Bleu encore, on trouve des informations « marrantes » sur le site Ramou (un de mes sites préférés pour entretenir mon chinois) :
C’est que le texte a été remanié et surtout écourté. On a supprimé le passage indiquant que les Chinois passent leur temps à inventer des supplices. Par contre, on a ajouté une justification (les petits bébés chinois que l’on jette à l’eau dès leur naissance parce qu’on ne peut les nourrir) et un commentaire (les Occidentaux croient que les Chinois [passent leur temps à manger] mangent des œufs pourris et des nids d’hirondelle… en réalité, il connaissent mal la Chine, ils connaissent mal le peuple chinois…).
Un extrait intéressant d’une interview de Monsieur Wang Bingdong, Professeur de français à l’Université des Langues étrangères de Pékin, et nouveau traducteur de « Tintin » dans une interview à La Libre Belgique :
« La plus grande difficulté pour moi était évidemment de trouver des solutions pour faire passer en chinois les jeux de mots, les jurons du capitaine Haddock, les onomatopées et interjections, sans parler des deux langues inventées par Hergé, le syldave et l’arumbaya. Dans la version chinoise existante, ou bien l’on ignorait carrément ces difficultés ou bien on les traduisait n’importe comment. Je me suis livré à beaucoup de recherches et de documentation – un travail de fou ! – par exemple pour puiser des équivalents aux gros mots du capitaine dans le riche répertoire des imprécations chinoises. Pour « tonnerre de Brest« , j’ai trouvé « que le Ciel te châtie et que le tonnerre te frappe« ; et pour « mille sabords« , » que le ciel te maudisse mille fois, dix mille fois« .
Un autre problème majeur fut de traduire les références au dialecte bruxellois. Si Hergé a gommé certains aspects trop explicites des références belges ou bruxelloises au fil des années et des rééditions, nous trouvons encore dans la plupart des albums l’utilisation de ce dialecte, en général incompréhensible pour le lecteur étranger. Dans « Tintin au pays de l’or noir », le patronyme Bab El Ehr signifie ainsi « bavard » et le toponyme Bir El Ambik n’est rien d’autre qu’une sorte de bière belge. Fallait-il que j’essaie de rendre ces noms en chinois ? Il m’a semblé préférable de les transcrire en chinois sans les traduire. »
Cette nouvelle traduction redonne donc toute la saveur originelle des textes de Hergé. Même si ce projet s’insère comme souvent aujourd’hui dans une démarche « multi-canal » de diffusion (je fais allusion aux trois films en préparation et devant faire un raz de marée lors de sa sortie mondiale, fin 2011 (le premier des trois films de Steven Spielberg et de Peter Jackson sera basé sur l’album Le secret de la licorne, en 3D « of course »…), cette nouvelle traduction est une très bonne nouvelle et a été un projet complexe mais passionnant. Et pas de doute encore, ce type de traductions, littéraires, tout comme de nombreuses traductions commerciales, restent le privilège des traducteurs en chair et en os, qui doivent mettre toute leur expérience et sensibilité pour reproduire le sens profond du texte source. Tiens, et si on tentait de traduire un des albums de Tintin avec un logiciel de traduction automatique…une bonne soirée de larmes en perspective !
Note : Tintin en chinois s’écrit « 丁丁 », à cause de sa prononciation, en pinyin, « dīngdīng ».
Reproduction d’un article paru dans le Figaro d’hier sur le sujet :
La nouvelle édition en chinois de vingt-deux albums des Aventures de Tintin a été lancée ce week-end à Pékin.
Les éditeurs de la nouvelle traduction chinoise des œuvres d’Hergé tablent sur 3 millions d’exemplaires vendus par an.
Le plus célèbre des journalistes débarque de nouveau en terre chinoise, porté par une traduction entièrement nouvelle. La nouvelle édition de vingt-deux albums des Aventures de Tintin a été lancée ce week-end à Pékin et 830 000 exemplaires ont déjà été mis en place. Les Éditions Casterman et leur partenaire chinois China Children’s Presse and Publication Group (CCPPG) ambitionnent 3 millions d’ouvrages vendus chaque année. La sortie du Tintin de Steven Spielberg, prévue pour 2011, devrait renforcer l’engouement pour le mythique reporter.
Après des versions taïwanaises, à partir de 1980, et diverses publications pirates en Chine continentale, la première édition officielle est apparue en 2001. Elle a permis de vendre plus de 2 millions d’albums. Mais elle était imparfaite, voire franchement médiocre selon les titres. La traduction, réalisée par une dizaine de personnes différentes, s’était faite depuis la version anglaise, d’où une double interprétation. Cette fois-ci, l’ensemble de la traduction a été confié à un universitaire et professeur de français, Wang Bingdong, qui a fait un travail remarquable. L’histoire de cet homme érudit et délicieux est en elle-même étonnante. Fan depuis longtemps du « Tintin chinois », San Mao ou « Trois Poils », un personnage assez proche, il n’a découvert réellement Tintin qu’en 2001 à l’âge de 66 ans. « Coordonnant un ouvrage sur la Belgique, je me suis trouvé obligé d’écrire l’article sur Tintin, n’ayant pas trouvé de spécialiste en Chine, confie-t-il, du coup, on m’a remarqué et contacté pour cette nouvelle aventure éditoriale. »
Wang Bingdong a donc laissé de côté la version anglaise où les Dupond-Dupont étaient devenus les Thomson-Thompson, pour repartir du texte originel en français. Trois années de travail, avec de belles suées pour traduire les magnifiques jurons du capitaine Haddock. Non que le chinois soit, comme bien des langues, pauvre en injures, mais il fallait trouver des équivalents les plus fidèles possibles. « Tonnerre de Brest » est devenu « Que le Ciel te châtie et que le tonnerre te frappe ! », « Mille sabords » se traduit par « Que le ciel te maudisse mille fois, dix mille fois ». Il a fallu aussi tropicaliser les onomatopées et autres interjections. « Plouf » devient « putong ». « Tout est un problème d’usage langagier et de connotation socioculturelle, explique Wang Bingdong, et j’ai rétabli certains patronymes et toponymes. » Milou ne s’appelle plus Snowy, pas plus que Moulinsart ne se lit Marlinspike Hall.
« Réel souci de documentation »
Au-delà des deux albums Le Lotus Bleu et Tintin au Tibet, la Chine a profondément marqué Hergé. « Avant Le Lotus Bleu, Hergé travaillait dans l’insouciance et l’improvisation, sans craindre de reprendre les clichés de la littérature populaire, rappelle Louis Delas, directeur général de Casterman. Après, il a changé sa méthode de travail, avec un réel souci de documentation. » Entre-temps, il y a eu la fameuse rencontre avec Tchang Tchong-jen, étudiant chinois à l’Académie des beaux-arts de Bruxelles, qui va lui donner les clés de la vraie Chine. On connaît la suite, Tchang intégré à l’aventure même de Tintin, jusqu’à devenir le seul être à faire pleurer le reporter.
Tintin et son charme suranné ont-ils une chance de séduire une Chine hyperactive et fascinée par tout ce qui est moderne ? « Oui, car Tintin est assez connu des Chinois, même s’il arrive derrière Disney ou les mangas japonais, estime Pierre Justo, le plus grand collectionneur de Tintin en chinois, et ce qui est amusant, c’est qu’une grande majorité de Chinois sont persuadés que Tintin est français… » Ne manquent à cette nouvelle collection chinoise que Tintin et l’Alph-Art et, surtout, pour des raisons évidentes, Tintin au pays des Soviets.
(Arnaud de La Grange)
Autres sources : Ramou.net & La Libre Belgique &