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Londres se prépare pour une nouvelle cérémonie d’envergure

19 Mai 2023 | International

Pour la première fois depuis presque 70 ans, le grand apparat bat son plein pour préparer le couronnement du roi Charles III, ce samedi 6 mai. Pour de nombreux britanniques, ce sera la première fois qu’ils assisteront à un couronnement, le dernier, celui de la reine Élizabeth II, ayant eu lieu le 2 juin 1953.Les Londoniens ne seront cependant pas les seuls à assister au couronnement. En effet, selon une estimation, entre 100 et 300 millions de téléspectateurs répartis dans le monde  entier seraient attendus devant leurs écrans.

Malgré l’intérêt qu’elle suscite au niveau international, cette cérémonie demeure, avant tout, un symbole du Royaume-Uni, aux yeux de ses habitants. En tant qu’étranger, je ne peux m’empêcher de me demander si cet événement est représentatif d’un système démodé issu d’une époque révolue ou bien d’une véritable force unificatrice pour un pays et son peuple.

Londres : une ville de modernisme et de traditions

Il y a deux semaines, je me suis rendu à Londres pour les vacances de printemps. C’était la première fois que je visitais autre chose que l’aéroport d’Heathrow, qui se trouve littéralement sur l’autoroute M25. Pour une première visite, j’ai été complètement abasourdi de voir à quel point la ville mélangeait subtilement les architectures anciennes et contemporaines. La Tour de Londres, qui date de 1066, se trouve dans la même ligne d’horizon que le 30 St Mary Axe. D’immenses gratte-ciels en verre et en acier s’élèvent au-dessus des pubs traditionnels dotés de bois et de diverses textures. Et pourtant… tout semble être à sa place.

S’il y a bien un endroit où l’ancien et le moderne se marient parfaitement, c’est dans cette ville et ses 33 arrondissements. De la même manière, cette monarchie démodée, de droit divin, a peut-être encore sa place dans un monde où les rois et reines sont, pour la plupart, des reliques du passé… Une chose est sûre, c’est que le roi Charles devra le prouver à son peuple.

Une monarchie de moins en moins populaire

La reine Élizabeth II a été une figure emblématique de la culture britannique pendant plus de la moitié d’un siècle et elle a continué d’être, globalement, une âme pure en qui les citoyens pouvaient avoir confiance[PG1] . Durant cette période, la famille royale était alors soutenue par une grande majorité des citoyens. Il y a dix ans, un sondage a révélé que les trois-quarts de la population britannique estimaient que l’institution monarchique devait perdurer. Ce soutien n’était alors plus que de 62 % au moment de son jubilé de platine.

Concernant Charles, il s’est montré beaucoup plus ouvert quant à ses opinions personnelles sur certains sujets controversés. Cela a notamment engendré une baisse du soutien apporté à la monarchie. Bien que la majorité du pays continue de soutenir la famille royale (58 % de la population selon les estimations), seuls 30 % pensent que cette institution doit absolument perdurer.

Ce point de vue est particulièrement répandu chez les 18-24 ans : une personne sur trois est favorable au maintien de la monarchie et seuls 24 % estiment que la monarchie est bénéfique pour le pays. De toute évidence, pour que la monarchie puisse perdurer, le roi Charles doit surtout convaincre la population de son importance.

Une cérémonie controversée

La cérémonie en elle-même a suscité une certaine controverse. Bien que certains s’y opposent, elle ne manque cependant pas de partisans. Ces derniers la perçoivent comme une occasion d’unir la population et de divulguer un spectacle digne de la nation.

Prêter serment au roi

Au cours de la cérémonie, les Britanniques devraient être appelés à faire allégeance au roi ainsi qu’à ses héritiers légaux. Mais, cette apparente invitation serait plutôt perçue comme une obligation.

Bien que l’intention ait été clarifiée par la suite, de nombreux détracteurs s’obstinent à dire qu’une telle demande n’est pas en phase avec les ressentis actuels. Ils ajouteront aussi que demander aux citoyens de prêter allégeance à certains membres de la famille royale, impliqués dans de nombreuses histoires scandaleuses, est inacceptable.

Un événement coûteux

Un autre problème soulevé par les détracteurs est le coût de l’événement. Avec un budget qui s’élève autour des 285 millions d’euros, l’événement ne peut qu’être impressionnant. Cependant, les Britanniques, à l’instar de leurs voisins européens et américains, sont confrontés à une crise du coût de la vie qui a touché une grande partie du peuple.

Nul doute que la Coronavirus a largement contribué à l’inflation présente à l’échelle mondiale. Malheureusement la fin de la crise sanitaire n’a pas pour autant tranquillisé les esprits. Tandis qu’un certain nombre de banques américaines fait faillite depuis quelques mois, le Royaume-Uni connaît, quant à lui, une baisse des revenus disponibles réels depuis la fin de l’année 2021. Compte tenu du contexte économique instable, le financement d’une telle cérémonie a été considérée comme un geste insensible à l’égard des citoyens en difficulté.

« Pain et jeux de cirque » ou véritable héritage culturel

En fin de compte, il est difficile de s’attendre à autre chose qu’un événement spectaculaire de la part d’une nation enracinée dans une cérémonie qui demeure historique. Entre les gardes vêtus d’une veste rouge vif et d’un bonnet à poils noir, ainsi que les avocats qui portent des perruques, le Royaume-Uni a réussi à maintenir un lien avec sa riche histoire, sans pour hésiter à se moderniser.

On peut alors se demander si le couronnement sert à maintenir l’héritage culturel, l’identité nationale ou bien s’il sert uniquement de « pain et de jeux de cirque » pour s’assurer que les conflits nationaux et internationaux ne s’accentuent pas.

En ce qui me concerne, j’aime beaucoup la culture répandue sur cette nation insulaire. Entre Charles Dickens, Sir Arthur Conan Doyle, Douglas Adams, J.K Rowling, sans oublier Arnaques, Crimes et Botanique, ou encore Shaun of the Dead, The Beatles, Pink Floyd, Arctic Monkeys… Pendant des années, j’ai été ému et diverti par ces artistes exceptionnels inspirés de cette culture unique et riche.

Bien qu’en tant qu’Américain qui vit en France depuis plus de dix ans, je n’ai vraiment pas d’avis sur ceux choisis ou élus pour gouverner le pays ou servir de figure de proue, je suis tout de même curieux de savoir si ce désintérêt croissant donnera lieu à la mise en place d’un nouveau système ou si la relève de la garde sera une nouvelle source de fierté nationale qui assurera le rebondissement de la monarchie.