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Interview d’Eric Nicolier, journaliste indépendant et blogueur

7 Juin 2010 | Interviews

Nous vous proposons aujourd’hui une interview d’Eric Nicolier, journaliste indépendant et animateur du blog www.presse-papier.info

TradOnline – Bonjour Eric, quel plaisir de vous interviewer et merci de nous consacrer ce temps d’échange ! Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Eric Nicolier : Après des études de droit, un passage de quelques années à l’Assemblée nationale, j’ai décidé de voler de mes propres ailes il y a 15 ans environ pour devenir journaliste indépendant. J’ai toujours eu, dès mon plus jeune âge, le goût de l’écrit et énormément de curiosité pour le monde qui m’entoure. Par choix, j’ai conservé en parallèle un pied dans l’enseignement et la formation. Je reste convaincu que les deux activités sont complémentaires et qu’elles s’enrichissent mutuellement.

TradOnline – Vous êtes aujourd’hui journaliste indépendant ? Pouvez-vous nous en dire plus sur vos activités, vos « zones de jeux »?

Eric Nicolier : Mes études juridiques me poussent souvent vers des sujets qui tendent à la vulgarisation auprès du grand public des évolutions de la loi ou de la jurisprudence lorsqu’elles ont une incidence sur le quotidien du citoyen. Mais en fait, je suis ouvert à tous les sujets, et c’est la raison pour laquelle le métier de journaliste indépendant me passionne. Il permet d’assouvir ma soif de connaissance. Et je prends autant de plaisir à interviewer un artiste de Dijon (la ville où je vis) passionné par son travail de création que le philosophe Edgar Morin pour parler de l’Ethique.

TradOnline – Les entreprises baignent dans le storytelling depuis quelques années. Quel est votre regard sur le sujet, sachant que votre métier est justement centré sur le récit et l’écriture ?

Eric Nicolier : Je n’aime pas toujours cette expression de storytelling, même si j’apprécie particulièrement Christian Salmon, le vulgarisateur de la notion en France. Le storytelling est trop souvent réduit à l’idée de raconter une histoire, de scénariser une situation, pour mieux faire passer un message politique ou un concept marketing pour une entreprise. On sent l’idée de manipulation qui peut se cacher derrière l’outil du storytelling. Or, travaillant souvent pour des collectivités territoriales ou des entreprises, je crois que l’on ne «raconte pas des histoires» très longtemps au citoyen. Une communication, réussie et efficace doit reposer sur une base de sincérité et de vérité sans lesquelles elle ne restera qu’une coquille vide, se réduisant à un «coup de com» sans lendemain…

TradOnline – Aujourd’hui journaliste indépendant et formateur je crois, vous avez comme tous les entrepreneurs une problématique centrale de marketing et de commercialisation de votre offre. Comment vous y prenez-vous ? Quelle place donnez-vous par exemple à votre blog « Presse Papier » dans cette optique ?

Eric Nicolier : Mon blog Presse Papier a été créé dans une optique uniquement professionnelle. J’ai par ailleurs un autre blog, plus personnel, dans lequel je place davantage des billets d’humeur, des coups de coeur de lecture par exemple. Presse-papier.info est le noyau central de ma communication. Dans un second temps, les infos du blog sont relayées par les réseaux sociaux sur lesquels je suis présent, comme Facebook, Twitter ou Viadéo. Ce schéma de communication reste classique, mais il fonctionne bien.

Cela dit je reste attentif à ce que les infos publiées sur mon blog professionnel puissent apporter une valeur ajoutée en terme d’information. Il ne doit pas être uniquement une vitrine de mon travail. Cela serait d’ailleurs d’un intérêt limité pour un lecteur.

TradOnline – Vous proposez une formation « Ecrire pour être lu sur internet». Pouvez-vous nous en dire plus ?

Eric Nicolier : dire que le contenu et la qualité de l’information sont essentiels pour fidéliser un lecteur s’apparente à enfoncer une porte ouverte. Pourtant, trop souvent l’édition d’un blog se résume à une approche purement technicienne ou une approche purement éditoriale. Ne privilégier que l’une de ses approches sera inefficace pour attirer des lecteurs. L’écriture sur internet possède cette particularité qu’elle doit tout autant séduire le lecteur que les moteurs de recherche. Ecrire pour internet, cela s’apprend. Plusieurs techniques doivent êtres mises en oeuvre… j’ai sous le coude plusieurs formations de ce type en fonction des besoins de l’éditeur d’un site internet, en fonction aussi de l’équipe d’auteurs à former.

TradOnline – Si l’on se penche sur les différents supports de lecture (Papier, Ordinateur, téléphone portable, Netbook, iPad bientôt), pensez-vous qu’un même article peut être lu de la même manière sur tous ces supports (en y incluant le lieu et le moment de la lecture qui peut être lié au support) ou pensez-vous qu’il faille adapter son récit ou sa mise en forme/structuration au support visé ?

Eric Nicolier : C’est une question plus complexe qu’on imagine. Oui bien sûr il faut adopter l’écriture au support de publication. Ceci pour une raison simple : je ne lis pas de la même manière un papier dans un journal, un article sur un blog ou un livre. Les nouveaux supports comme l’Ipad vont ouvrir des voies de créativité nouvelle, notamment en permettant le développement de l’interactivité. Mais en même temps, et c’est là que la question est intéressante, les nouveaux supports de lecture, obligent les anciens formats à s’adapter. Les changements opérés par le journal Le Monde, très importants en dix ans, l’ont été largement sous la pression de l’offre nouvelle que créait internet en matière d’accès à l’information. Autre dimension passionnante : on constate que le lecteur sur internet, habitué à une lecture moins attentive, devient plus exigeant en terme de lecture «traditionnelle». Le succès de la revue XXI qui propose chaque trimestre des reportages d’un volume long inhabituel montre que la presse classique a encore des choses à dire et des innovations à proposer. Dans un sens c’est réjouissant, un média ne tue pas nécessairement les médias qui l’ont précédé. Au contraire, ils ont plutôt tendance à les revigorer, après une période inévitable de crise et de doute.

TradOnline – Nous sommes une société de traduction. Nous traduisons régulièrement des supports commerciaux et marketing de nos clients. Quel regard portez-vous sur ce sujet et comment intégrez-vous (ou aborderiez-vous) la question de la traduction dans votre formation ou dans vos activités ? La partie « …pour être lu » de votre offre évolue-t-elle en fonction des cultures et des pays ?

Eric Nicolier : Il m’arrive parfois que l’on me demande de fournir deux versions d’un même texte. L’une en version française et l’autre dans une autre langue, généralement l’anglais. Il est évident que je ne me préoccupe pas d’écrire dans une autre langue. Dans ce cas je travaille étroitement avec un traducteur. La difficulté dans le domaine de l’écriture Web c’est que cette écriture obéit à quelques contraintes, notamment celle d’utiliser des mots clés précédemment définis. Ces mots clés doivent se retrouver dans la version anglaise. En revanche la principale difficulté est de définir des mots clés appartenant au corpus culturel de langue de traduction. Il est évidemment exclu de procéder à une traduction littérale des mots clés définis pour les textes écrits en français. De fait, c’est un travail plus complexe qu’il semble de prime abord et qui doit être abordé en collaboration étroite avec le traducteur, sans oublier bien sûr le client qui a passé commande du texte.

TradOnline : merci beaucoup Eric pour ce témoignage !